Derrière un simple sachet de graines se cache une complexité insoupçonnée. En effet, il y a un tel mélange de termes, de réglementations, d’origines, de labels, de variétés et de types de semence qu’il est souvent difficile de s’y retrouver… Nous allons vous aider à y voir plus clair et notamment à comprendre quelle est la différence entre les semences paysannes et les semences bio. Parfois subtiles mais aussi fondamentales : il est important de savoir distinguer ces deux types de semences.
Ces deux types de semences partagent un objectif louable et identique : produire de façon plus respectueuse des sols et des espèces végétales. Facteur essentiel de la biodiversité au potager qui, vous le savez, nous est cher !
Les semences paysannes perpétuent des pratiques issues du savoir-faire ancestral des paysans, les semences bio répondent davantage à un cadre légal précis et à des normes de production biologique.
Découvrez ci-dessous un résumé des caractéristiques des semences paysannes et des semences bio pour mieux les différencier !
Caractéristiques des semences paysannes
Les semences paysannes sont produites, sélectionnées et conservées localement, souvent sur plusieurs années.
Issues de sélections massales (choix des meilleures plantes d’une population pour récolter leurs graines et les ressemer, afin d’améliorer la variété naturellement) et de reproductions naturelles, elles incarnent une agriculture ancrée à leurs territoires, adaptée aux conditions ambiantes et à la diversité des plantes cultivées. Ces variétés évoluent avec les espèces et le climat, garantissant une qualité et une résilience uniques.
Ces semences étaient souvent exclues du catalogue officiel des espèces cultivées (registre national qui répertorie toutes les semences autorisées à la vente et à la culture commerciale en France et dans l’Union européenne), car elles ne répondaient pas toujours aux critères industriels de stabilité ou d’uniformité. C’est moins le cas aujourd’hui.
En effet, les semences paysannes étaient restées longtemps exclues du catalogue officiel, mais elles ont pû y rentrer progressivement grâce à des mesures européennes adoptées en 2010 (variétés de conservation), à une loi de 2020 autorisant leur vente aux particuliers, et à l’évolution du cadre européen (“MHB” de 2022). Des derniers décrets adoptés en 2024 simplifient encore leur vente et inscription, ouvrant davantage la voie des semences paysannes dans les potagers et l’agriculture.
Leur diversité génétique est précieuse. Chaque paysan ou jardinier devient gardien de variétés locales, perpétuant une culture paysanne fondée sur la transmission et la conservation du patrimoine vivant.
En pratique, ces semences libres s’échangent beaucoup au sein de réseaux paysans ou via des associations. Leur multiplication dépend du climat, de la sélection paysanne et du soin apporté à la reproduction, que ce soit pour des céréales ou des légumes anciens, cultivés sans OGM ni produits chimiques.

Caractéristiques des semences bio
Les semences bio sont produites selon les principes de l’agriculture biologique, sans recours aux produits chimiques de synthèse ni aux OGM. En France, leur production est encadrée par la réglementation européenne et contrôlée par des organismes certificateurs. Ces graines sont issues de variétés sélectionnées pour leur capacité à s’adapter aux sols cultivés selon des méthodes biologiques.
À savoir que contrairement aux semences paysannes, les semences bio peuvent provenir de lignées hybrides, à condition qu’elles soient issues de cultures biologiques. Elles répondent à des critères stricts de qualité : taux de germination, pureté variétale, et conformité génétique. On y retrouve notamment des blés bio, des plants certifiés, et d’autres variétés développées spécifiquement pour la production bio.
Leur certification « AB » garantit qu’elles sont sélectionnées et produites selon les standards biologiques en vigueur depuis plusieurs années. Ce label, reconnu en France et à l’international, constitue un gage de confiance pour les agriculteurs bio soucieux de cultiver des plantes ou des graines en respectant les cycles naturels et la biodiversité du sol (découvrez notre article sur les principales variétés de semences bio disponibles ou encore Qu’est-ce qu’une semence bio ? Définition et spécificités).
Comparatif entre semences paysannes et semences bio
| Critères | Semences paysannes | Semences bio |
|---|---|---|
| Origine | Issues des fermes paysannes | Issues de filières certifiées bio |
| Sélection | Sélection massale par les paysans |
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| Cultivars | Matériel génétique hétérogène, évolutif et local |
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| OGM | Exclues (de manière volontaire et ancestrale) | Strictement interdites (par un cadre légal) |
| Objectif | Préserver la biodiversité et l’autonomie semencière | Produire selon le cahier des charges bio |
| Conservation et transmission | Libre, paysanne, souvent communautaire | Encadrée, réglementée et certifiée |
| Biodiversité | Très forte grâce à la diversité génétique | Moyenne, selon les espèces sélectionnées |
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Aubergine Black Beauty
30 graines10 avis3,20€ -
Bleuet Centaurée à Fleurs Bleues
200 graines12 avis3,20€ -
Tomate black cherry
30 graines7 avis3,20€ -
Tomate Wolverine
20 graines3 avis3,20€
Les semences paysannes assurent la diversité et l’autonomie, tandis que les semences bio garantissent une conformité réglementaire et une traçabilité stricte. Les deux contribuent, à leur manière, au refus des OGM et à la protection des populations végétales cultivées au potager comme dans les champs.
Les semences paysannes et bio représentent toutes deux une manière de préserver notre patrimoine agricole. En comprendre les nuances, c’est aussi redonner à chaque semence son rôle dans la durabilité de notre alimentation et de nos cultures.
Impact sur la biodiversité
La biodiversité agricole repose sur la diversité génétique des semences cultivées. Les semences paysannes préservent des variétés anciennes, adaptées à leur terroir et essentielles au maintien du patrimoine végétal mondial. Reproduites librement sur place, elles permettent aux plantes d’évoluer et de s’adapter naturellement à leur environnement. Cela stimule ainsi les processus naturels tels que la pollinisation, grâce à la variété florale disponible pour les insectes. C’est bon aussi pour la vie microbienne du sol, soutenue par des rotations variées et des cultures mixtes ainsi que pour la régulation naturelle des ravageurs grâce à un équilibre entre espèces.
Les semences bio, bien que soumises à une certaine standardisation, participent également à la diversité cultivée. Les recherches sur les variétés issues de croisements sélectionnées pour leur robustesse visent à maintenir leur place dans la transition écologique globale.
L’impact et les bienfaits des semences bio sur la biodiversité n’est plus à prouver. Les études montrent qu’en moyenne, les parcelles bio comptent 30% d’espèces supplémentaires et 50% d’individus en plus que les parcelles conventionnelles (source : FNAB 2020).
Les semences paysannes et les semences bio oeuvrent donc toutes deux à développer la biodiversité, chacune à son échelle et à sa manière !

Implications légales et commerciales
En France, la législation distingue clairement les semences paysannes et les semences bio dans le catalogue officiel des espèces et variétés végétales. Ces premières peuvent y être référencées mais font souvent face à des conditions restrictives limitant leur diffusion commerciale à large échelle, bien qu’elles puissent être échangées entre agriculteurs.
Comme évoqué précédemment dans les caractéristiques des semences paysannes, la loi encadrant leur usage a évolué et de nouvelles recherches visent à reconnaître leur rôle dans l’agriculture durable. Depuis 2020, la loi autorise leur vente aux jardiniers amateurs, marquant une première avancée pour leur diffusion. En 2022, l’entrée en vigueur du cadre européen sur le Matériel Hétérogène Biologique (MHB) a ouvert la voie à leur reconnaissance légale à l’échelle européenne, facilitant leur circulation et leur expérimentation.
Une évolution récente du droit, confirmée par plusieurs décrets en 2024, tend encore à ouvrir davantage la voie à la commercialisation des semences paysannes marquant une avancée symbolique.
Pour conclure : non les semences paysannes et les semences bio ne s’opposent pas : elles se complètent. Les premières gardent vivantes la mémoire des paysans, des espèces locales, et de la liberté de sélection; les secondes encadrent une production respectueuse du vivant à plus grande échelle, adaptée aux exigences modernes de l’agriculture bio.
En définitive, la question n’est pas de choisir l’une ou l’autre, mais de comprendre qu’elles représentent deux chemins vers une même promesse : celle d’une biodiversité préservée, d’une terre vivante, d’une agriculture plus propre et plus saine. Comme l’écrivait l’agronome Pierre Rabhi,
« la graine est le symbole du vivant, un patrimoine commun que personne ne devrait s’approprier ».
Pour les jardiniers, la meilleure action possible est de diversifier ses semences : mêler variétés paysannes, et semences anciennes et modernes bio, observer, adapter, échanger et reproduire les graines qui produiront le mieux !




