Petite visite de la la Graineterie du Jardin des Plantes du Museum d’Histoire Naturelle de Paris pour s’émerveiller, rêver et bien comprendre comment récolter, conserver et semer ses graines.
C’est l’automne, il commence a faire froid, les fleurs tombent et…les végétaux produisent des graines. C’est la bonne saison pour nettoyer son jardin, récolter et faire l’inventaire de ses semences, planifier les cultures de l’année suivante. On était donc curieux de savoir quelles étaient les bonnes pratiques en la matière. Comme on aime faire les choses en grand, on a décidé d’aller visiter la Grainothèque du jardin des plantes, à deux pas du Muséum d’Histoire Naturelle à Paris, pour en apprendre un peu plus sur les semences de l’ancien jardin du roi et sourire à l’écoute de quelques anecdotes.
Les Aventuriers de l’arche perdue: Carpothèque, Séminothèque & Seed Hunters
La visite commence par La Carpothèque (fruits) et la Séminotèque (graines) regroupant environ 80 000 échantillons à but pédagogiques ramenés par les naturalistes lors de leurs expéditions. Ces graines et fruits parfois vieux de 150 ans ne sont plus vivants même si Simon Lang, notre guide et responsable adjoint de la Graineterie nous raconte comment des scientifiques russes ont réussi à faire germer une plante à partir des tissus placentaires de fruits âgés de plus de 30 000 ans !
A la vue des graines et fruits séchés exposés on s’imagine les grandes expéditions des naturalistes pour en faire l’acquisition, au travers de la foret du Mayombe, en remontant le Nil ou le long des cotes brésiliennes à la recherche de variétés toutes plus luxuriantes les unes que les autres. Sauf que le grainier (c’est ainsi que l’on nomme les professionnels de la graines) est plutôt a la recherche du fatigué, de plantes en souffrance ayant poussé leur dernières forces dans la bataille pour produire des semences et faire perdurer la dynastie. « On nous appelle les nécrophages » nous glisse discrètement Yves Pauthier, le responsable de la Graineterie. Nos ‘Seed Hunters’ – en VF les chasseurs de graines – n’en sont pas moins plein de ressources « On est capable de reconnaître des graines à 80 km sur une route nationale » nous dit en riant Simon. Les missions de collectes ont lieu principalement en France une à deux fois par an afin de répertorier la flore du territoire.
Préserver le patrimoine végétal : « Ce qui est banal aujourd’hui, peut être rare demain »
La banque de graines regroupe 3200 espèces françaises soit environ 50% de la flore nationale. À la suite des missions de collecte, les graines sont soigneusement nettoyées, séchées, triées, analysées et documentées avant de venir enrichir les chambres froides à faible hygrométrie (c’est à dire faible humidité). Ce travail de sauvegarde du patrimoine végétal est réalisé en partenariat avec leurs homologues européens dans le cadre du programme Ensconet qui permet notamment de reconstituer la flore au cas où des catastrophes viendrait la détruire et de mettre en place des protocoles et des bonnes pratiques de collecte de graines sauvages. Il ne faut pas par exemple «récolter plus de 20% des graines à maturité » ou encore il est préconisé de «prélever des graines sur un maximum d’individus différents pour éviter de biaiser génétiquement l’échantillon ». Chaque années les grainiers publient leurs « collections » et s’échangent les semences.
La Graineterie intervient sur des missions scientifiques, pédagogiques et de conservation mais aussi d’expertise en appui aux forces de police, aux douanes, aux fouilles archéologiques et aux musées. Les vastes connaissances des équipes du Jardin des Plantes sont également sollicitées par les centres antipoison « Les gens mangent n’importe quoi dans la nature ». Du marabout Congolais aux promeneurs crédules les exemples sont légion et parfois tristement malheureux.
Scientifique et Jardinier : Vis ma vie de Grainier
Les grainiers sont donc des scientifiques capables de reconnaître et d’analyser tous types de graines, ils n’en demeurent pas moins des jardiniers. Ils agissent en tant que pépiniéristes pour le Jardin des Plantes. La Graineterie prépare la plupart des semis du Jardin de Plantes de Paris soit entre 800 et 1000 références. L’équipe s’occupe également de l’Orangerie ou l’on entrepose pendant l’hiver jusqu’à 80 bacs de plantes exotiques comme les avocatiers, les citronniers, les caféiers. « On a essayé de produire du café, mais c’est un métier » nous rapporte Simon. Certes. Mais tout commence par une graine.