3 millimètres : c’est la taille d’une graine de tomate. À première vue, que ce soit une variété bio ou pas bio, cela ne change rien. Surtout qu’on ne va pas manger directement la graine. Il est donc légitime de s’interroger sur l’utilité réelle d’une semence biologique en comparaison avec d’autres types de graines. Matériel génétique, règlement européen, technique de sélection et pratiques agricoles… de nombreuses équations entrent en jeu. Besoin d’éclairage ? Dr. Jonquille & Mr. Ail est là pour illuminer votre jardin. Décryptage.
Comprendre les différences entre les semences bio et conventionnelles
Repartons de là où tout a commencé, l’œuf ou la poule. Ou plutôt la graine ou la graine mère. Car pour obtenir la certification européenne, une semence biologique doit être issue d’un plant cultivé en bio pendant au moins une génération. On va donc s’assurer que le matériel de reproduction était bien bio à l’origine pour distinguer une semence conventionnelle d’une semence bio.
La réglementation qualifie d’agriculture conventionnelle la production à partir de méthodes intensives. On notera notamment l’utilisation d’engrais et de pesticides chimiques. On inclut dans la gamme de semences conventionnelles les semences non traitées (NT). Les graines NT ne sont pas traitées après la récolte. L’étiquette de graine non traitée peut donc être trompeuse, cela ne garantit pas une production sans pesticides.
Les semences biologiques se différencient des semences industrielles par leur héritage génétique. Elles ont la capacité d’évoluer pour s’adapter à leur milieu. De plus, l’utilisation de semences biologiques favorise le développement de micro-organismes protecteurs, les endophytes. Cette microflore se développe à l’intérieur des graines et des plants et permet de renforcer la résistance et la résilience face aux menaces extérieures (maladies, ravageurs, gel, canicule…). En limitant l’action des endophytes, la culture de semences conventionnelles augmente, par un effet pervers, le recours à des pratiques chimiques.

Les avantages et inconvénients des semences bio
Le prix du produit biologique est en moyenne 30 à 50 % plus élevé que le produit conventionnel. Cela s’explique par la pression des bioagresseurs combinée à des cycles de production plus longs et des rendements plus faibles. Ces facteurs impactent fortement les coûts de production.
Les semences biologiques sont en revanche plus diversifiées génétiquement. On retrouve ainsi des variétés patrimoniales délaissées par les agriculteurs, mais conservées par de nombreuses passionnées. Leur culture favorise le brassage génétique des espèces. Les plants développent alors davantage de gènes de résistance aux maladies, aux ravageurs, au gel et aux canicules. La tomate Rose de Berne supporte mieux les variations climatiques et les sols moins riches, contrairement à des hybrides modernes qui nécessitent souvent des intrants artificiels. La tomate Rondobella est particulièrement résistante aux différentes lignées de mildiou (Phytophtora infestans). Enfin la mâche d’Étampes bio résiste mieux au gel que d’autres variétés issues de cultures conventionnelles. Face au bouleversement climatique et à l’émergence de nouveaux bioagresseurs qui menacent les cultures, les semences de légumes biologiques semblent à long terme plus adaptées.
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Aubergine Black Beauty
30 graines10 avis3,20€ -
Mâche d’Étampes
2000 graines1 avis3,20€ -
Tomate Rondobella
25 graines3,20€ -
Tomate rose de Berne
30 graines6 avis3,20€
La réglementation européenne et française sur les semences bio
Les semences utilisées en agriculture biologique doivent être issues de la production biologique. Il est possible de recourir à une dérogation si la variété bio n’est pas disponible. En 2019, on comptait 22 000 dérogations pour les cultures maraîchères en France. Pour de nombreux acteurs de la filière, ce système de dérogation constitue un frein au développement des semences biologiques. Il est néanmoins de plus en plus restrictif et est prévu de s’arrêter en 2036.
Les variétés de semences bio commercialisées doivent être inscrites au catalogue officiel européen. Les exploitants peuvent utiliser des variétés de population non inscrites au catalogue. Depuis 2020 il est néanmoins possible de vendre en France aux jardiniers amateurs des semences du domaine public non inscrites pour lesquelles il n’existe pas de titre de propriété.
Côté technique de croisement et méthode de sélection, le règlement de la bio est plus souple. Les graines biologiques peuvent être des hybrides F1 ou des variétés de population. Les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) et les semences obtenues grâce à une stérilité mâle cytoplasmique (CMS) par fusion cellulaire sont en revanches exclues de la bio. Les Nouvelles Techniques Génomiques (NGT), parfois qualifiées de nouveaux OGM, sont aussi exclues de la certification bio.
Les traitements des semences avec des produits chimiques de synthèse sont interdits en bio. Certains pesticides biologiques sont autorisés. On notera par exemple l’utilisation d’huile essentielle d’orange douce pour le contrôle de la germination des pommes de terre.
Les semences conventionnelles et leur impact sur l’environnement
En France les semences conventionnelles sont largement cultivées par les agriculteurs et par les particuliers dans leur jardin. On ne dispose pas de données précises, mais on peut estimer qu’elles représentent plus de 90 % du marché. Elles concernent aussi bien des plants potagers que des espèces céréalières ou fruitières. Leur mode de production soulève pourtant de nombreux enjeux pour l’environnement et la santé humaine.
Les plantes mères sont en effet traitées avec des produits chimiques afin de limiter les maladies ou les attaques d’insectes. Si cela facilite la culture de la plante, cela entraîne une pollution des sols, de l’air et des nappes phréatiques ainsi qu’un effondrement de la biodiversité impactant l’équilibre des écosystèmes et la santé des consommateurs. Une synthèse de l’INSERM de la littérature scientifique publiée en 2013 a mis en évidence en France un lien direct entre l’exposition aux pesticides et de graves maladies, comme la maladie de Parkinson et certains cancers. Une étude européenne publiée en 2023 a pour sa part démontrée que les pesticides seraient la première cause du déclin des oiseaux sur le Vieux Continent.

L’avenir des semences conventionnelles et bio
L’objectif fixé par l’Union européenne est d’allouer 25 % des terres agricoles à l’agriculture biologique d’ici 2030. L’intention est là, mais la pratique ne suit pas. En 2024, la production de semences bio en France ne représentait que 5 % des surfaces agricoles de culture de semences avec seulement 19 532 ha.
Pourtant, les fruits et légumes bio, bien que plus coûteux à produire en France, garantissent une qualité exempte de résidus chimiques. Les semences conventionnelles restent majoritaires, mais ne répondent pas aux mêmes exigences écologiques. La graine bio a donc un impact indirect sur la santé et l’environnement. À l’avenir, le développement de variétés potagères adaptées à l’agriculture biologique apparaît comme un levier durable et essentiel. La filière bio des semences potagères et florales présente néanmoins de nombreux défis. L’éventail des variétés disponibles ne suffit pas à satisfaire les besoins des agriculteurs biologiques et des jardiniers amateurs en France. Les coûts élevés de sélection variétale rendent la recherche plus difficile et le maintien des dérogations limite son intérêt. Un développement du secteur demeure néanmoins la meilleure solution à long terme pour tendre vers une agriculture à la fois écologique et prospère.
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