Transporté par l’art poétique de Miyazaki, le vent se lève dans nos champs et jardins. Élançant les arbres et vivifiant la nature, nous tendons l’oreille pour apprécier ce bruissement de branches et de feuillage. Le vent, un élément insaisissable et pourtant si perceptible. Il fait danser nos cheveux, fouette le visage, soulève les bas de ces dames. Le vent est une composante essentielle dans la biodiversité, pour autant, il peut s’avérer être un inconvénient au potager. Découvrons les particularités du vent et comment protéger notre potager de ce dernier.
Le vent, le messager des végétaux
L’anémogamie
Du grec “anemosgamos”, l’anémogamie qualifie le mariage rendu possible par le vent. Par une dispersion de graines, le vent amène à une propagation fructueuse pour la biodiversité. En effet, il assure la pollinisation des plantes anémophiles, les plantes dont les fleurs se fertilisent par les gamètes mâles (pollen) amenés par le vent.
Une technique pratiquée par certaines plantes, comme les graminées ou les conifères avec en exemple :
- Bouleaux
- Noisetiers
- Pins
Outre le pollen, le vent améliore les échanges gazeux tels que la photosynthèse, qui permet la conversion de la lumière en source énergétique, ou tout bonnement la respiration de vos plants.
Le communicant de la nature
De plus, le vent s’apparente au X (anciennement Twitter) de nos végétaux. Plusieurs études dévoilent une capacité communicationnelle entre les arbres et autres plantes telles que la tomate, la moutarde ou encore la sauge. Ces végétaux informent du danger, comme avec la présence de parasites, par la transmission de “composés organiques volatils”, les COV.
D’une composition chimique unique, les COV ont la capacité de se sublimer ou de s’évaporer rapidement d’une forme solide à une forme liquide, et inversement. Une aptitude pouvant se convertir en frein lorsque les plants subissent une pluie, les écrasant contre le sol, les rayons UV et l’ozone. Dans ce contexte, l’individu peut intervenir dans le but de favoriser l’échange gazeux et informationnel au sein de son jardin.
Un souffle décapant
Le vent est également un bon compagnon du jardinier, permettant l’aération des plantes, il réduit les risques de maladies et de contagions. Néanmoins, à de trop fortes puissances, le souffle de la Terre devient objet de destruction.
Le vent contre le jardinier
Essentiel à la biodiversité, le vent peut devenir un cauchemar pour au jardin pour certaines raisons.
Un environnement asséché
Tout d’abord, le vent induit une situation de stress hydrique des cultures. Par un souffle constant, il fait croître l’assèchement des plantes par deux phénomènes. Une augmentation de la transpiration foliaire des plantes puis, en parallèle, une évaporation de l’eau accumulée dans le sol. Par un appauvrissement hydrique à deux niveaux, la croissance des cultures ralentit obligatoirement.
Un froid accentué
Le vent connaît un pouvoir asséchant qui s’ajoute à une accentuation des baisses thermiques en hiver. Tel que le corps humain, le corps végétal produit une protection thermique à la surface de la peau. Mais la thermorégulation est balayée par le vent. Finalement, comme nous, le froid se fait doublement ressentir lorsque le vent se mêle à la danse !
Une défiguration des plantes
Ensuite, le vent est une source de stress mécanique. Faisant croître une pression permanente sur les plants, il induit à un ralentissement de leur levée et, par la suite, à une malformation de celles-ci. Vous risquez de voir apparaître une inclinaison des tiges et le non-développement d’organes de la plante.
Une perte énergétique des plantes
Pour finir, un petit effet boule de neige assez déplaisant, vos plantes réagissent au stress constant du vent. Croissant dans un environnement défavorable, elles accélèrent la montée en graine pour assurer la continuité de leur culture. Un réflexe de survie qui engendre un affaiblissement de leurs ressources et donc une forte baisse de leur croissance.
Des cultures détériorées, une perte de rendement, des cultures en retard, de nombreuses conséquences qui peuvent être évitées au potager.
Comment protéger son potager du vent ?
Évitons l’erreur de mettre un mur pour arrêter brutalement le vent, car vous lui formez une trajectoire qui l’amène à se rabattre plus loin dans votre jardin. Privilégier une technique imparable, la haie brise-vent qui consiste à assembler différents végétaux résistants créant une imperméabilité partielle.
Quelques conseils pour planter une haie brise-vent :
- Plantez des arbustes de hauteurs et de variétés différentes
- Mélangez 2/3 des arbustes persistants et 1/3 d’arbustes caducs
- Effectuez la plantation à proximité de votre potager
- Calculez la longueur de parcelle à protéger, et définissez la hauteur de vos plants selon celle-ci. Pour assurer une protection du vent sur 15 m, établissez une haie de 1 m. Comptez 2 m de hauteur pour une protection s’étendant sur 30 m.
La haie brise-vent se compose d’arbustes dits persistants et d’arbustes à feuilles caduques, en voici quelques variétés :
- Les Persistants : Millepertuis, Osmanthe, Buis, Mahonia, Houx, Laurier-Tin, mais aussi le Photinia “Red Robin” et ses fleurs colorées
- Les Caducs : Amélanchier, Laurier-rose, Lilas, Forsythia, le Cognassier du Japon et ses délicieux fruits !
Vous pouvez également planter des arbres qui vous permettront de créer de l’ombre dans votre potager, une aubaine pour protéger vos plants du soleil. Vous pouvez opter pour l’érable champêtre ou bien d’autres variétés :
- Les graminées de bords de mer : Cyprès de Lambert, Tamaris
- Les arbres forestiers dont les racines s’implantent profondément dans le sol : Chêne, Bouleau, Noisetier
- Les espèces montagnardes ou propices aux conditions extrêmes : Œillet, Ficoïde, Genêt
Renforcer ses plants face au vent
Dès l’étape de plantation ou quand vos plantules présenteront 3 à 4 feuilles, il convient de renforcer la base et les tiges de vos plantes.
Créez des buttes de terre autour de vos plants pour renforcer leur stabilité et améliorer le drainage du sol. En plus de renforcer les plantes contre le vent, le buttage protège les racines des variations de température et limite l’évaporation de l’eau.
Pour stabiliser les tiges, notamment pour les plantes grimpantes et les plantes à fruits (haricots à rames, tomates, aubergines…), il convient d’attacher les tiges à des tuteurs.
Vous avez désormais à votre palette de nombreux outils pour protéger votre jardin ou votre balcon du vent. Faites preuve de créativité en laissant votre pinceau parcourir votre jardin pour en peindre votre horizon !
