Purins d’ortie, purin de fougère, décoction de prêle… Leurs renommées dépassent les limites du potager de papy ! Et pourtant, on retrouve peu de sources scientifiques confirmant l’efficacité de ces « recettes de grand-mère ». Dr. Jonquille & Mr. Ail a donc décidé de mener l’enquête sur le terrain. Décryptage.
Et si on repensait notre façon de jardiner ?
Le 6 janvier 2023, l’association Jardinot organisait la conférence « Et si on repensait notre façon de jardiner ? » à Rochefort dans le cadre du projet « Promotion du biocontrôle auprès des jardiniers amateurs ».
Les résultats de tests comparatifs réalisés dans 6 jardins partagés en région Centre Val-de-Loire, Hauts-de-France, Île-de-France et Nouvelle Aquitaine sur l’utilisation de solutions biologiques pour prévenir et minimiser les attaques de maladies et ravageurs au potager ont été présentées. Parmi les faits marquants, on notera que les cultures de tomates, de carottes et de concombres ayant été arrosées avec un mélange de purin d’ortie et de décoction de prêle ont été 3 à 5 fois plus productives et en moyenne récoltées 3 semaines en avance par rapport aux échantillons témoins ! L’utilisation de lait a permis de sauver les cultures traitées de l’oïdium et les pièges jaunes ont permis de piéger les altises s’attaquant aux navets.
Qu’est-ce que le Biocontrôle ?
Derrière ce terme un brin impressionnant, on retrouve toutes les techniques naturelles pour minimiser les attaques des maladies et ravageurs et la concurrence avec les adventices, les mal-nommées « mauvaises herbes ». Le biocontrôle repose essentiellement sur l’imitation des mécanismes naturels qui régulent un écosystème équilibré. Comme l’activité des coccinelles par exemple, un « macro-organisme auxiliaire » qui va se nourrir de pucerons et ainsi protéger indirectement les cultures ! On retrouve également des micro-organismes auxiliaires comme des bactéries, virus champignons, des médiateurs chimiques tels que les pièges à phéromones qui reproduisent des versions synthétiques des substances chimiques utilisées par les insectes pour communiquer entre eux et des substances naturelles comme les macérations de plantes.
Au-delà de l’aspect écologique le biocontrôle à une efficacité durable dans la gestion de la santé des cultures : Les parasites développent des résistances contre les intrants chimiques alors que les biostimulants et les auxiliaires proposent une palette de résistance, de mise en éveil de la plante et de résilience des écosystèmes plus complète.
Comment assurer la productivité des cultures et la résistance aux maladies/ravageurs sans utiliser d’intrants chimiques ?
L’expérimentation reposait sur la problématique suivante, comment améliorer/maintenir la productivité des cultures et la résistance aux maladies/ravageurs en agriculture biologique.
L’expérimentation a été réalisée dans 4 zones géographiques représentatives de la diversité des caractéristiques des sols et des climats du territoire français (à part le midi) :
- Indre -et-Loire (sol limono-sableux).
- Charente (sol sablo-limoneux).
- Somme (sol argileux).
- Région parisienne (sol limono-argileux).
Plusieurs facteurs ont été testés :
- Arrosage avec un mélange de purin de prêle/ortie en préventif.
- Pulvérisation d’une solution à base de lait en curatif contre l’oïdium du concombre.
- Pulvérisation d’une solution à base de purin de fougère en curatif contre les altises.
- Utilisation de pièges jaunes pour piéger les altises.
Des cultures précoces, plus productives et résistantes
Les résultats notables de l’expérimentation ont été les suivants :
- Les cultures de tomates, de carottes et de concombres et de navets ayant été arrosées avec un mélange de purin d’ortie et de décoction de prêle ont été 3 à 5 fois plus productives (effet fertilisant) et en moyenne récoltées 3 semaines en avance (effet stimulant) par rapport aux échantillons témoins.
- Le système racinaire des cultures traitées au purin était plus développé.
- Les cultures traitées aux purins ont mieux résisté aux attaques de mildiou, d’oïdium et d’altise (effet antioxydant). Les résultats étaient moins probants sur les variétés hybrides. (L’hypothèse serait que les purins stimuleraient plusieurs gènes de résistance sur les variétés non-hybrides).
- L’utilisation de lait a été efficace contre l’oïdium des concombres. Les concombres non traités ont péri à 75% (oïdium ou mildiou) alors que tous les autres concombres ont survécu.
- Les pièges jaunes ont permis de piéger les altises s’attaquant aux navets. Attention cependant, tous les insectes voient jaunes, il faut donc placez les pièges aux bons endroits pour ne pas porter préjudice à la biodiversité de votre jardin (e.g. dans un parterre de fleur, on risque de piéger des pollinisateurs & auxiliaires).
- Le purin de fougère a montré une efficacité contre les altises en curatif.
L’ortie, une plante aux multiples vertus
En résumé, un mélange de purin de prêle et d’ortie a été appliqué et a montré des résultats intéressants en termes de productivité (effet fertilisant), précocité et résistance aux maladies et ravageurs (effet stimulant, réducteur et insectifuge).
Le lait a montré des résultats intéressants en curatifs contre l’oïdium du concombre et le purin de fougère a démontré un effet insectifuge.
Pour confirmer les résultats, il serait intéressant de renouveler l’expérience. Ces observations font néanmoins écho à une expérimentation du magazine 4 saisons entre 2004 et 2006 confirmant notamment l’effet fertilisant et stimulant du purin d’ortie.
À vous de jouer désormais, retrouvez toutes les recettes et les traitements naturels applicables en biocontrôle sur l’appli Dr. Jonquille & Mr. Ail ! Vous pouvez également retrouver les recettes pour préparer vos extraits fermentés d’ortie et vos décoctions de prêle ici :
N’hésitez pas à nous faire un retour sur vos expériences !
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