L’un des grands défis de l’agriculture moderne sera de limiter les intrants chimiques comme les engrais azotés, pour minimiser les impacts dévastateurs des productions sur l’environnement : érosion, acidification des sols, pollution des eaux…
Au regard de ces impacts, on pourrait se demander pourquoi les plantes ne peuvent tout simplement pas se nourrir exclusivement d’amour, de soleil et d’eau fraîche ? Dans notre série d’articles sur le guide du jardinage biologique Dr. Jonquille vous explique comment fonctionne la nutrition des plantes et même un peu plus !
NPK, de l’origine du besoin des plantes
Pour bien comprendre comment se nourrissent les plantes, trois lettres sont essentielles : N, P & K. c’est-à-dire l’abréviation des éléments chimiques essentiels aux plantes l’Azote (N), le Phoshore (P) et le Potassium (K) :
Souvenez-vous quand vous étiez à peine plus haut que trois pommes, vos parents vous disaient de finir votre bol de lait pour bien grandir. Et bien c’est pareil avec l’azote pour les plantes, c’est un réel moteur de croissance !
Bien que présent dans l’air, l ’azote n’est pas directement assimilable par les plantes.
Heureusement, les plantes de la famille des fabacées comme le haricot, la vesce et le trèfle permettent de restituer l’élément chimique N dans les sols en transformant l’azote atmosphérique en azote directement assimilable par les plantes.
Les végétaux les plus sensibles aux carences en azote sont les légumes-feuilles comme les laitues, les choux et les aromatiques.
Le phosphore stimule le développement des racines, des fleurs et des fruits. Il est essentiel dans les phases de repiquage et de floraison ! Le Sarrasin et les plantes de la famille des Brassicacées (crucifères) comme la moutarde sont particulièrement utiles pour restituer le phosphore dans les sols.
Enfin, le potassium joue un rôle très important pour résister aux stress abiotiques, les stress liés à l’environnement non vivant comme le gel, les fortes chaleurs, l’excès ou le manque d’eau.
Il facilite le développement des organes de réserve comme les racines, les bulbes et les fruits. Les Fabacées (haricot, pois, fèves), les fleurs et les « légumes-fruits » de la famille des Solanacées (tomate, aubergine, physalis) sont plus sensibles aux carences en potassium.
La culture de la consoude et des plantes de la famille des Brassicacées comme le chou, les radis et la moutarde sont à privilégier pour enrichir la terre en potassium.
Les plantes ont également besoin d’oligo-éléments comme le calcium (Ca), magnésium (Mg), soufre (S), le sodium (Na), mais en plus faible quantité.
Une carence en minéraux ou en oligo-éléments peut entrainer des troubles comme la chlorose (carence en azote, en fer, en potassium ou en magnésium) ou la maladie du « cul noir » de la tomate (carence ou une mauvaise absorption par la plante du calcium).
Comment nourrir les sols ?
Dans un écosystème classique (un espace non exploité par l’homme), les plantes puisent naturellement leurs ressources dans les sols.
Dans un agrosystème, c’est-à-dire un espace cultivé (jardin ou parcelle agricole), les ressources viennent à s’épuiser car l’homme interrompt les cycles naturels en récoltant les fruits et les légumes ou en prélevant le bétail.
Les plantes et les animaux ne se dégradent pas et donc ne permettent pas de régénérer les sols.Un apport extérieur en matière organique d’origine végétale ou animale est donc nécessaire pour rééquilibrer le système cultivé.
On peut utiliser un amendement comme le fumier ou le compost qui distille progressivement les minéraux et oligo-éléments, facilite la circulation de l’air, de l’eau et le développement de la vie biologique et de manière générale contribue à maintenir l’équilibre des sols. Il agit donc durablement.
Les engrais sont également une solution, mais moins durable. Ils n’agissent pas sur les sols, ils nourrissent directement la plante en minéraux.
Les apports doivent être réguliers et limités car les nutriments viennent à s’épuiser au fur à mesure de l’absorption par les plantes ou du transfert des éléments vers les sous-sols (lessivage).
Une surutilisation des engrais peut amener à une suroxydation et une alcalinisation des plantes qui faciliteront la multiplication de maladies et ravageurs. Il existe de nombreux engrais naturels comme le tourteau de ricin ou la corne broyée.
Les engrais verts, des plantes semées entre deux saisons de cultures comme la vesce commune ou la phacélie, ont de multiples vertus permettant d’améliorer la fertilité des sols.
Ils permettent en effet d’enrichir la terre en minéraux et en protéines, de décompacter les sols, de faciliter le développement de la vie microbienne, de rompre les cycles de développement de ravageurs, d’attirer des insectes pollinisateurs et de lutter contre l’érosion !
Pour approfondir vos connaissances sur les engrais verts, voici notre dossier complet ? https://djma.fr/blog/bon-a-savoir/le-benefice-des-engrais-verts-au-potager
Enfin, on va retrouver les biostimulants, des solutions comme le purin d’ortie ou la décoction de prêle qui vont permettre de stimuler l’activité naturelle d’une plante pour mieux absorber les nutriments, résister au stress et faciliter l’activité des micro-organismes présents dans le sol.
Dans certains cas, on leur attribuera également des propriétés de biocontrôle leur permettant de mieux résister aux attaques des maladies et ravageurs.
Voici quelques exemples des effets des biostimulants :
- Résistance aux variations climatiques, à la sécheresse ou à l’excès d’eau
- Meilleure germination
- Stimulation de la croissance
- Stimulation de la production de feuilles, de fleurs ou de fruits
- Meilleure absorption de l’eau et des nutriments
- Stimulation de l’activité microbienne des sols
Quand et comment fertiliser ?
Vous pouvez faire un apport en fumier ou en compost mi-mûr à l’automne pour qu’il ait bien le temps de se dégrader (comptez entre 250g et 800 g de fumier par m²). Au printemps, on privilégiera plutôt un compost bien décomposé, un engrais vert voire un engrais organique. Procédez en déversant le compost/le fumier en surface et en griffant la terre pour l’incorporer.
Exemple d’apports en compost ménager /m² /an :
Type de plantes | Exemple | Quantité (KG/m²) |
---|---|---|
Sol pauvre ou plantes exigeantes | Pomme de terre, choux, tomate, aubergine, poivron, courge, concombre, artichaut, céléris, oignon | Environ 3 kg/m²/an |
Plantes moyennement exigeantes | Laitue, épinard, ail, carotte, betterave, navet, courgette, maïs, fraisier | 1,5 à 3 kg/m²/an |
Plantes peu exigeantes | Haricot, fève, pois, radis, cornichon, aromatiques | <1,5 kg/m²/an |
Exemple d’engrais organiques:
Engrais | Apport | Dose |
---|---|---|
Corne broyée | Azote, soufre | 50-100 g /m² |
Tourteau de ricin | Azote, phosphore, potassium | 50-100 g /m² |
Guano | Azote, phosphore, potassium | 50-200 g /m² |
Dr. Jonquille a-t-il été assez clair ? A vous d’établir votre diagnostic désormais pour choisir les meilleures solutions pour faire grandir vos plantes !
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